C'est
un homme à deux facettes. Rouge et noir. Son âme est à l'Afrique. Du
continent noir, il aime les cylindres, les cubes, les volumes de
rectangles et les arêtes en triangle. Ces visages qui ne sont pas
lisses, ces traits qui ne sont pas fins. De l'art brut, des matières
naturelles. Tel ce masque africain. Le visage n'est plus magnifié,
l'esthétique est différente. Des angles et des figures géométriques,
voilà ce qui reste.
La
rencontre avec la beauté noire fut donc pour lui une révélation. Ses
demoiselles changèrent le monde. Mais cet homme est rouge également.
Rouge comme ce foulard qui enserre sa gorge, rouge comme le parti qui
incarne sa révolte. Il hait la guerre. Il le crie haut et fort, en noir
et blanc. Parce que son cœur saigne et n'admet plus aucune couleur.
Derrière
le génie, comment est l'homme ? Rouge et noir, disent ses proches. Qui
sont aussi ses détracteurs. Les drames et les passions rôdent autour de
son égoïsme créateur. Pourtant tous le vénèrent. Son nom seul claque au
vent tel un slogan. Pablo Picasso.
(© Virginie Mège, mars 2013)